MOULEYDIER sur Dordogne en Périgord pourpre
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Le nom du village apparaît pour la première fois sous la forme du castrum de Monte Leyderio
en 1215 sous la plume de Simon de MONFORT ( Simon de MONFORT a sévi deux fois en Sud Périgord dans sa croisade contre les châtelains qui avaient embrassé la cause de l'hérésie ).
En 1364, le nom devient Muntlidyer. En 1375, dans un écrit du connétable Du Guesclin,
nous trouvons le terme de Montleydier. En 1409, dans un livre du Consulat de Bergerac, notre village porte déjà son nom actuel ( Mouleydier faisait partie de la paroisse de Saint-Cybard ).
La présence d'armes et d'outils exposés au musée de Périgueux témoigne de la présence d'hommes préhistoriques sur notre territoire.
Un village existait à l'emplacement actuel de Mouleydier. Sa population était principalement composée de pétrocores ou prétocoriens ( pétrocorii en latin ), un peuple résultant de l'union de quatre tribus celtes qui s'étaient installées entre les rivières Dordogne et Isle.
La ville de Périgueux et le Périgord tirent leur nom de ce peuple.
Des indices ( tuiles, pièces ) montrent qu'une villa ( propriété de riches gallo-romains
ou de colons romains) existait à Saint-Cybard près du pont de L'Estrade ( du mot strada : voie ).
De cette époque, subsiste "L'itinéraire d'Antonin", un livret établi sous l'empereur Dioclétien
( 284-305 ) répertoriant les voies romaines ( ces routes pavées étaient surélevées par rapport au sol naturel ) . Dans ce document, la route romaine reliant Limoges à Agen via Périgueux ( Vésone ) franchissait la Dordogne à Mouleydier à un endroit traversable à gué, connu actuellement sous le nom de La Péchère ( ou Peschère), près de l'ancienne maison Pasquet ( aujourd'hui Rebière d'Or ).
Au moyen-âge, Mouleydier était une châtellenie . Il y avait un château fort ( 1 ) qui contrôlait la région et prélevait l'impôt . La châtellenie de Mouleydier relevait elle-même de la seigneurie de Bergerac et lui payait une redevance . Le premier document dont nous disposons sur Mouleydier est un rôle de 1225 d'Edouard, fils aîné d'Henri III roi d'Angleterre et Lieutenant de son père en Aquitaine .
Par ce rôle , Edouard confère au Sieur Armand la prévôté de la châtellenie de Mouleydier avec tous ses droits et dépendances . En 1289 Marguerite de Turenne , veuve de Renaud de Pons Seigneur de Bergerac , instituait son fils Hélie Rudel héritier du château héritier de châtellenie de Bergerac , Mouleydier et Gensac . Quarante ans plus tard , Roger Bérard, Comte du Périgord, cédait la ville de de Bergerac à Philippe VI de Valois en échange des seigneuries de Montignac et de Mouleydier .
Mouleydier fût donc successivement la propriété d'Henri III roi d'Angleterre , du Prévôt Armand, de Marguerite de Turenne , d'Hélie de Rudel , de Philippe VI roi de France et de Roger Bérard Comte du Périgord . Pendant la guerre de cent ans , Mouleydier changea plusieurs fois de nationalité , tantôt anglais et tantôt français . En 1375, alors que Mouleydier était anglais , Du Guesclin assiégeât et pris le château.
( 1 ) Le château de Mouleydier était édifié au lieu-dit La Castelle ( castellum ) , il contrôlait la Dordogne mais aussi l'étroit passage entre entre les côteaux et la rivière . Il ne reste aujourd'hui qu'un mur d'origine romaine et un puit carré ( maison Delayens ) . Une pièce romaine en bronze a été récupérée où l'on peut lire "domitien". La présence de squelettes d'enfants et d'adultes atteste de la présence d'un cimetière romain . Les romains avaient déjà créé en ce lieu une place forte destinée à contrôler le gué de "Mons Leydier" .
La batellerie existait déjà au XVIème siècle dans cette moyenne Dordogne ( de Limeuil à Libourne ) mais la navigation n’était vraiment aisée qu’à partir de Mouleydier car les " malpas " ( rapides ) entre Mauzac et Tuilières ( Grand Thoret et le saut de la Gratusse à Lalinde , les Pesqueyroux à Saint-Capraise de Lalinde) la rendaient très difficile . Pour y remédier la création du canal de Lalinde ( de Mauzac à Tuilières ) a débuté en 1838 sous le règne de Louis Philippe, le coût important de cet ouvrage fit dire à ce dernier "Mais ce canal on le pave avec des pièces de cent sous " . En 1839 , plus de 700 ouvriers travaillaient sur l’ouvrage, le canal fut livré à la navigation en 1843 . Le canal comporte 9 écluses ( Mauzac, Lalinde, La Borie Basse à Baneuil et 6 à Tuilières ) pour un dénivelé total de 24 mètres . Au XIXème siècle la batellerie était florissante à Mouleydier ( 59 bateliers en 1872 ), elle apportait des revenus substantiels grâce aux droits de péage
( la leyde ) . Des gabares ( coureaux ) descendaient vers Libourne et Bordeaux avec du vin des vignobles du Bergeracois , des pavés de Liorac pour les rues de Bordeaux, des piquets d’acacia ou de châtaigner
( carassonnes ) pour les vignobles du bordelais mais aussi du bois d’œuvre . Au retour, elles ramenaient entre autres, des "peilles", vieux chiffons destinés aux moulins à papier de Mouleydier . Par contre, les gabares de la haute Dordogne ( courpets ) étaient le plus souvent à usage unique ( "Navigation à bateau perdu" ) . Elles effectuaient une seule descente puis elles étaient démantelées pour faire du bois d’œuvre
ou de chauffage selon la qualité des essences utilisées pour leur construction . La descente de la haute Dordogne ne pouvait se faire que pendant deux semaines à la fin du printemps ( fonte des neiges du massif central ) et deux semaines au début de l’automne ( fortes pluies ) car en dehors de ces deux périodes, le niveau de l’eau était trop bas pour la navigation . Mouleydier dispose de deux cales ( quai en pente ), une en amont du pont et une plus importante en aval du pont au niveau du "Petit moulin".
Sur cette dernière se trouvait un chantier naval dirigé par le SieurTambour, cette activité a perduré jusqu’à
la fin du XIXème siècle . Il existait un autre chantier naval à Mouleydier sur la rive gauche à une centaine de mètres en amont du pont . Bien que situé à Saint-Germain et Mons, il a toujours été associé à Mouleydier car en raison de la hauteur des berges l’accès se serait avéré très difficile depuis Saint-Germain et Mons pour le personnel et a fortiori pour le matériel . Ce chantier naval n’aurait jamais vu le jour sans l’ouverture d’une carrière à cet endroit en 1852 par le Sieur Baquey entrepreneur du barrage éclusé de Bergerac
( source : Annales des Ponts et chaussées ) . Après l’abandon de la carrière, une plateforme composée de résidus d’exploitation a subsisté à un niveau supérieur à celui des basses eaux . Le Sieur Etienne Chassaigne y installa un chantier de radoub ( entretien des coques de bateaux ) . Les gabares nécessitant des réparations y étaient amarrées lors des hautes eaux, réparées lors des basses eaux et livrées à leur propriétaire lors des hautes eaux suivantes . A cette époque, l’absence de barrage autorisait cette méthode de travail car les variations du niveau de l’eau de la Dordogne étaient fréquentes . Les "anciens" du village, bien que n’ayant pas connu ce chantier en activité en connaissaient l’existence . Les "plus jeunes" qui dans les années 60 passaient juillet-août dans la rivière ne connaissaient pas cette activité mais ce lieu ne leur était pas étranger car il faisait l’objet d’une amicale compétition de natation : "Premier arrivé au chantier"
( le départ se faisait depuis l’une ou l’autre des piles du pont ) . Actuellement, on peut encore retrouver l’emplacement du "chantier" caractérisé par une modeste avancée de la berge dans le lit de la rivière
( quant à la carrière, elle n’est plus visible depuis longtemps car la nature y a repris ses droits ) .
En 1875 le premier train entre en gare de Bergerac .
En 1879 le tronçon Bergerac–Le Buisson est mis en service.
L’arrivée du "Cheval de fer" accélère le déclin de la batellerie .
En 1906 il ne reste plus que 9 bateliers à Mouleydier.
La dernière gabare remonte la Dordogne en 1937 avec le dernier maître de bateau à la manœuvre,
M. Henri Gonthier .